Les pattes de sang sur la tache de ciel

Les flèches dans les dents


Comme il est bon, sous le soleil

De jouir des fruits de la moisson

Le vin, les chaînes,

les charniers en floraison


Minuscule ébats

La bataille cogne ses gonds

gronde le lion

Tonne le canon

Les carrières sont en miettes


Dans les yeux

La ligne de fer et les coquilles

Vides de toi

Un lit sans océan

Une béance sans fuite

Une lame sans fil

Un écart sans suite


On en palpiterai

On en tressaille c’est sûr

Or la larme glisse

S’évapore lentement

Globe royal

S’imprègnant de la terre

Où d’autres s’en gorgent


Mais les fusils parlent

Les murs gouttent le sol

Et les cornes fondent

Helas,

Le cœur s’en lasse

Pourtant le soir

Même les tombes sont belles

Et la plaine sanguine

Elle suce sa lie

Elle vous trépasse

Elle vous prendra

Regardez les

Sangs noirs

Soldats de fiel

Votre moelle vos épines

Déliquescence morose

Sur fond de pourpre

Aspire son suc gris

Mou et tendre de carnages


Descendez voir

Jetez un œil

Juste un cil

Ou un œil

Dans les entrailles

Les motifs encerclés

Étreints de nuit

Les corps grippés

Les branches nouées

Les cœurs en torches


Hier encore nous y étions

Hier encore j’y étais

Demain c’est sûr

Oui demain on viendra

Là où nul n’est jamais là

Sans être au près de toi

Mon cher

Mon somptueux cadavre